Ces métiers français

Certaines carrières et certains savoir-faire français sont sur le déclin. Je suis allée à leur rencontre et j’ai appris énormément de choses. Aujourd’hui j’en partage quelques uns avec vous et j’espère réussir à faire passer le message ! Bonne lecture !



APICULTEUR

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En quoi consiste votre métier ? 

À élever des abeilles pour produire du miel.

Quel est votre savoir-faire ? 

Le plus important pour élever des abeilles, c’est de ne pas en avoir peur.

En tant qu’apiculteur, nous arrivons à suivre et comprendre leurs réactions. La météo est un facteur très important qui nous guide. Il faut une certaine température pour aller les voir et c’est en été que nous allons le plus souvent à leur contact.

Sinon nous les suivons avec un regard extérieur.

Les abeilles hivernent (n'hibernent pas), leur activité se réduit avec la baisse de température. La récolte commence au printemps, de fin mai jusqu'en septembre dans certaines régions.

Comment se passe une journée de travail chez vous ? 

Il n'y a pas de journée de travail type, c'est suivant l'activité.

Dans notre métier nous pourrions faire la grasse matinée car il n'y a pas d'astreinte par la vie animale (comme la traite des vaches à heure fixe, par exemple).

En mai, nous travaillons à agrandir les ruches, poser des hausses (ou grenier à miel), car la ruche est en plein développement.

Pour en tirer plein parti, il faut respecter le développement de la ruche qui passe de vingt mille abeilles en hiver à soixante mille en été. Il faut du coup suivre et s'occuper des ruches.

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Les journées où nous travaillons en contact avec les abeilles il faut surveiller l’état sanitaire.

La reine pond des larves d'abeille et on peut voir si les larves sont belles ou pourries. Il faut le détecter le plus tôt possible et détruire immédiatement la ruche, car c'est vite transmissible. C'est très rare que cela arrive, car nous effectuons une surveillance très stricte et approfondie deux fois par an.

Sinon juste un coup d'œil (de professionnel averti) suffit pour voir le travail des abeilles et des ruches. Par leur activité, on peut juger de leur état. On fait cela en moyenne tous les quinze jours.

La récolte se fait après les principales floraisons. Colza, acacia, châtaignier, tournesol, toutes fleurs.

La veille et le jour de marché, on met le miel en pot et on fait les présentations.

Quelles abeilles vont dans tel ou tel champ ?

En fait nous plaçons les ruches à l'endroit choisi. Les abeilles sont fidèles, elles peuvent aller loin mais si elles ont tout ce qu'elles peuvent trouver, elles y restent.

Que souhaitez-vous transmettre comme message aux futures générations ?

Si on veut vivre du milieu dans lequel on vit, il faut le respecter.

La nature forge le bon sens en nous, pas les technologies. C'est très important. Il faut commencer par connaître la nature avant d'ajouter la technologie.

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Depuis combien de temps faites-vous ce métier ? 

Après un bac général, j'ai pris la décision de suivre mon père. Quand j’avais quatorze ans, je l’accompagnais au marché et j'allais aussi avec lui aux ruches. J'ai reçu une formation familiale, car nous sommes apiculteurs depuis plusieurs générations dans la famille. Mon frère et moi avons suivi le mouvement.

Comment le métier a-t-il évolué ? 

Le but reste le même mais les moyens et la technique pour l’élevage des abeilles et s’assurer qu’elles restent en bonne santé, eux, évoluent.

Il y a de plus en plus de sélection. Nous pouvons acheter ou multiplier les reines et nous le faisons nous-mêmes.

Comment ça se passe dans une ruche ?  

Nous jugeons une ruche par la qualité de son produit et elle est sélectionnée pour faire de l'élevage de reines. On utilise une sorte de baguette à trous et on y dépose une larve naissante qui vient de la reine de cette ruche sélectionnée. On remplit de larves les trous de cette sorte de baguette et on les dépose dans une ruche sans reine.

Il faut savoir que quand il n'y a plus de reine, les abeilles vont naturellement en élever une ou plusieurs. Les abeilles vont donc naturellement élever ces larves comme des reines car elles sont dans une « cellule de reine ».

Les cellules des abeilles ouvrières ont des rayons horizontaux alors que la cellule d'une larve de reine est individuelle. La forme de la cellule est reconnue d'instinct par les abeilles qui élèvent différemment une reine.

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À quelle difficulté faites-vous face dans votre métier ? 

Avec l'état de la nature, l'évolution de l'agriculture, l'augmentation de la monoculture et les produits phytosanitaires, les abeilles ont du mal à survivre. C’est notre principale difficulté.

Pour y faire face, il faut favoriser les plantes mellifères (à forte dose de pollen) qui permettent de produire du miel. Des fleurs de jardins, lavandes, fruitiers, aubépine, châtaignier, tilleul, trèfle, luzerne, thym fleuri...

Quel conseil pourriez-vous donner aux jeunes qui seraient intéressés par ce métier ?

De côtoyer un apiculteur et voir sur le terrain avec lui si on est fait pour ce métier.

Ressent-on du plaisir ou de la peur quand nous sommes en présence d’abeilles ?

Il faut aussi recevoir une bonne formation pour savoir comment garder les abeilles en bonne santé.

Il ne faut pas croire que c'est facile, ce n'est pas inné. Deux ans de formation ne suffisent pas. C'est la magie de la nature : ce n'est pas toujours pareil. Des années ne réagissent pas comme d'autres et il faut pouvoir faire face.

Mais le miel c'est merveilleux. C’est un produit naturel qu'on ne trouve nulle part ailleurs.

On ne se rend pas compte de ce que la nature nous donne : les fleurs, le pollen, les abeilles, le miel. Seules les abeilles sont capables de ramasser et collecter ça pour le transformer en miel.

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LES COMPAGNONS DU DEVOIR

 

 

En quoi consiste votre association ?

Nous sommes une association ouvrière qui s’est créée dans les années 40.

Tout s’est développé autour de l’apprentissage.

Nous le proposons actuellement sur trente métiers différents.

Des métiers anciens comme tonnelier, tapissier, cordonnier, maréchal-ferrant, maroquinier, bottier, forgeron, fondeur…

Mais il y a aussi des nouveaux métiers comme les carrossiers, les électrotechniciens avec tous les objets connectés, la mécanique, etc.  

Pensez-vous qu’il y ait un avenir dans ces métiers anciens ?

Oui tout à fait. Pour chaque métier nous avons des compagnons. Leur objectif pendant plusieurs années sera de promouvoir le métier de façon visuelle et de toujours l’améliorer en le remettant au goût du jour. Le but est vraiment de le développer, de le faire connaître et d’en suivre toutes les évolutions.

Par exemple dans la cordonnerie nous développons beaucoup les jambes articulées, etc. On essaye vraiment d’évoluer avec le métier.

Faire partie des compagnons, ça devient vraiment une famille. Chaque jeune qui a fini reste impliqué et transmet ce qu’il a vécu pendant le tour de France. La transmission chez nous c’est très important.

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C’est quoi le tour de France ?

Une opportunité pour les jeunes de voyager tout en passant des diplômes. Nous avons toute une structure en place pour leur permettre cela à travers le tour de France.

Tous les ans ils changent de ville.

Pour le métier de charpentier par exemple, le jeune va changer de ville deux fois par an. Nous lui trouvons une entreprise avec un contrat. Il va avoir des cours, etc., et en même temps il travaille.

Nous leur permettons de partir aussi un an à l’international. L’association aide sur les papiers, les assurances, les ouvertures du compte …

Le tour de France peut durer entre cinq et huit ans. L’objectif est vraiment de voyager.

Après le tour de France, trouve-t-on une entreprise rapidement ?

On gagne beaucoup de richesse en changeant régulièrement d’entreprise et le jeune sera passé dans des entreprises de toutes tailles. Les entreprises savent que les jeunes ont été courageux, persévérants et ont eu beaucoup d’expériences. Du coup cela leur procure une valeur sûre.

Est-ce qu’il faut un diplôme pour pouvoir vous rejoindre ?

Pas du tout. Le jeune peut ou non avoir le brevet des collèges. Il y a une petite sélection d’entrée, un petit test assez ludique. Tout jeune peut rentrer dans les compagnons à partir du moment où il est motivé.

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Jusqu’à quel âge c’est possible ?

C’est accessible de 15 à 25 ans. Pour les plus âgés, ce sera plus de la formation continue. Les entreprises enverront leurs jeunes se faire former chez les compagnons. Il n’y aura pas le tour de France, mais un autre cursus.

On a beaucoup de jeunes qui arrivent avec leur bac et ne savent pas quoi faire. C’est un public de plus en plus présent. Ils viennent se reconvertir dans le manuel.

Quels sont les métiers les plus choisis ? Ceux qui reviennent ? Ceux qui vont revenir ?

La pâtisserie grâce aux émissions de télé ! Par contre, nous avons trois fois trop de candidatures !

Malheureusement, tout ce qui est travaux manuels c’est un peu mal perçu par les familles et à ce jour nous avons vraiment trop peu de jeunes en formation.

Pour les couvreurs (celui qui va poser les matériaux étanches pour les toits), il y a une grosse promotion, car une très forte demande des entreprises. Et à ce jour, il y aura toujours besoin d’un couvreur.

Depuis deux ans nous avons accueilli les métiers de charcutier et fromager. Il existe beaucoup de traiteurs mais le métier de charcutier n’existe plus vraiment.

Ce sont des métiers vraiment très Français et nous allons avoir un gros travail pour les redynamiser.

C’est l’engagement des compagnons : redynamiser les vieux métiers qui sont en descente.

Par exemple le métier de tonnelier est vraiment nécessaire et nous devons continuer de le faire vivre.

La porte est ouverte à tout le monde !

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Peut-on gagner sa vie dans ces métiers ?

Oui ! Dans tous les métiers manuels on peut très bien gagner sa vie, car il y a une réelle demande. Chez nous ce sont vraiment des métiers artisanaux, des métiers sur la transformation de la matière.

Pour vous donner une idée, nos apprentis tonneliers vont gagner le SMIC tout au long de leur formation, alors que dans les autres cursus, ils gagnent environ 50% du SMIC.

Chez nous, l’alternance c’est six semaines d’entreprises et deux semaines d’apprentissage. C’est très important qu’il y ait du temps passé en entreprise et nous essayons de vraiment impliquer le formateur, le jeune et l’entreprise.

Chez nous, trente métiers sont représentés au total parmi six filières : le bâtiment, l’intérieur de bâtiment, la métallurgie et industrie, les métiers vivants (jardinier, paysagiste, tonnelier), les métiers du goût (pâtissier, charcutier, boulanger) et les matériaux souples (maroquinerie, cordonnier, tapissier).

Pour trouver une maison de compagnon, elles sont toutes répertoriées sur notre site, ici.

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MARIN PÊCHEUR


 
Hugo, marin pêcheur, 26 ans.

Hugo, marin pêcheur, 26 ans.

 

En quoi consiste votre métier ?

Le métier des marins pêcheurs consiste à ramener différentes espèces de poissons et crustacés pour la consommation. Pour cela, il existe différents types de pêche et de bateaux selon les régions et continents.

Comment en êtes-vous venu à faire ce métier ?

Si aujourd’hui je suis patron pêcheur, c’est par le plus grand des hasards, car je ne suis pas issu d’une famille de marins, et je n’ai pas fait d’études pour le devenir. Je viens d’une famille de cadres de banque et j’ai un cursus scolaire dans l’électronique.

Mais j’ai toujours été attiré par le milieu marin et un jour j’ai eu la chance d’embarquer sur un bateau de pêche. Et voilà mon début dans le monde maritime !

Comment se passe une journée de travail ?

Tout commence par le réveil à 4 h du matin pour être au bateau à 4 h 30. Ensuite nous mettons en vente nos crustacés (homards, araignées, crevettes), à la criée de Concarneau. La vente se déroule à 5 h 45. Puis on quitte le port direction « l’archipel des Glénan » pour une journée à pêcher.

Quand nous avons terminé de relever tous nos filets et casiers, nous rentrons au port aux alentours de 17 h.

 
Métier français marin pêcheur
 

Quel âge avez-vous ?

J’ai 26 ans.

Peut-on aligner vie de famille et vie de marin pêcheur ?

Je ne suis pas encore père mais pour moi, oui, on peut allier les deux, tout en sachant que le métier de marin pêcheur est un métier prenant. Nous travaillons en moyenne soixante à quatre-vingts heures par semaine, mais nous arrivons à nous accorder quelques moments familiaux. Certes, nous avons moins de temps à partager que dans d’autres familles, mais ces moments sont plus intenses.

À quelles difficultés faites-vous face dans ce métier ?

La première est l’état de la mer qui est différent chaque jour. Mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce métier. La seconde c’est de faire beaucoup d’heures et d’avoir peu de moments de repos.

Il paraît qu’il y a de moins en moins de marins pêcheurs et qu’il existe une réelle menace. Pourquoi pensez-vous que ce métier se perd ?

C’est une vérité. Il y en a de moins en moins dans les ports français au jour d’aujourd’hui, car le métier est mal connu et certains clichés lui collent à la peau. C’est évident que dans les années à venir il y aura un grand manque de main-d’œuvre.

 

 
métier français marin pêcheur
 

Quels sont vos avantages en tant que pêcheur ?

Le premier est la liberté d’être en mer, de pouvoir laisser ses problèmes à terre et partir chaque jour sur l’eau. C’est apaisant. Il y a aussi l’avantage de pouvoir manger de très bons produits de la mer.

Et pour finir, le salaire est équivalent à l’effort donné. Donc si nous sommes courageux, c’est possible d’avoir un très bon niveau de vie.

Peut-on gagner sa vie en tant que pêcheur ?

Oui, même très bien ! Tout dépend du type de pêche, selon les bateaux et les saisons. Mais une personne courageuse, dynamique et débrouillarde gagnera toujours sa vie dans ce métier.

Depuis combien de temps faites-vous ce métier ?

Je fais ce métier depuis six ans. En six ans j’ai fait plusieurs bateaux et pêché dans différents pays. Depuis un an, je me suis mis à mon compte.

Où travaillez-vous ?

Mon bateau est basé à Concarneau, dans le Finistère (29) et je pêche autour de l’archipel des Glénan.

Comment le métier a-t-il évolué ?

Le métier de marin pêcheur évolue au fur et à mesure du temps avec des nouveaux matériels et bateaux plus performants. Il évolue aussi selon la politique des pays et c’est là pour moi qu’il faut une réelle évolution pour préserver ce métier.

 
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Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes qui seraient intéressés ?

Etre courageux, avoir du caractère et aimer la mer.

Pour parler un peu écologie, voyez-vous beaucoup de plastique dans la mer ?

Alors oui, il y a du plastique dans la mer, mais pas seulement. Il y a aussi de la ferraille et toutes sortes de choses dans l’eau. J’ai navigué sur différentes mers d’Europe et on y trouve de tout. Il n’y a qu’à aller voir une plage après une tempête et voir tout ce qu’elle dépose sur le rivage.

Avez-vous une formation particulière ?

Oui, il y a différentes formations dans le milieu maritime. Bien souvent, on commence comme matelot.

Pour les différentes formations, vous pouvez voir le CEFCM.

J’espère que vous aurez appris autant de choses que moi et que le message passera pour une jolie relève !

À bientôt !

Giulia


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