Vitrail bleu n7, Vitraux Décoration Intérieure

 
 

Des vitraux à l’intérieur de sa maison, tout en étant moderne c’est clairement possible !

Emma est vitrailliste et Thomas est maître verrier vitrailliste. Une distinction qui lui a été décernée par la Chambre des Métiers de l’Artisanat lors du 10ème anniversaire d’Atelier Thomas Masson. Pas mal !

Au sommaire : l’inspiration et la copie, le métier, la technique et leur parcours.

 

Bonjour ! En vous regardant, je me suis demandée … Êtes-vous en couple ? Ou frère et sœur ?

En couple !  Même mariés depuis 2018. On ne s’attendait pas à cette question !! (rires) Belle approche !!

Être vitrailliste, ça consiste en quoi ?

Le vitrail est une manière de cacher un vis-à-vis de façon jolie. En quelque sorte, c’est un rideau haut de gamme. Et il y a aussi la restauration de vitraux, dans les églises par exemple, mais aussi chez des particuliers. 

Nous achetons des plaques de verre déjà toutes faites qui, parfois, ont du relief. Nous achetons aussi certains verres qui sont colorés. Puis, nous allons pouvoir le travailler.

On peut par exemple le sabler ! Ça consiste à dépolir le verre avec une machine qui envoie de l’air comprimé avec un abrasif. Ça va donner du translucide.

Le vitrail laisse passer la lumière mais on ne voit pas ce qu’il y a de l’autre côté.

Il y a plusieurs façons d’aborder le sablage. On peut le sabler finement pour n’avoir que le dépoli, mais on peut aussi le sabler tellement fort qu’on creuse le verre. Nous allons pouvoir créer des aspérités dans le verre et obtenir de la 3D.

Récemment nous avons fait un test de motifs de cannage sur verre. Il y a plein d’autres techniques à réaliser sur les verres !

Le vitrail c’est un métier d’art mais c’est aussi un métier du bâtiment. Un savant mélange entre art et artisanat. 

On restaure des vitraux sous le nom de notre atelier « Atelier Thomas Masson » et lorsqu’on travaille sur une création, on le fait sous notre marque « Vitrail Bleu n° 7 »

 
 

Dans votre milieu, est-ce que la copie est un problème ? Est-ce qu’on vous demande souvent de copier d’autres créations ?

Souvent, oui ! Et notre réponse est très claire : c’est NON. Il arrive sur Instagram de voir des projets finis chez d’autres qui nous ressemblent et ont simplement une couleur différente, ou d’autres ateliers qui se font piquer des designs entiers.

Il y a une limite entre la copie et l’inspiration. Quelque part l’inspiration, ce n’est pas un mal en soi, car nous les artistes, nous devons nous inspirer pour progresser mais respecter les styles qui appartiennent aux ateliers.  

Pour nous, la création doit venir de nos tripes et pas d’Internet.

 

Du coup tout est original chez vous ?

Oui !!!

 

Et parfois, est-ce que ce sont les clients qui dessinent ?

Justement c’est extrêmement rare. Car nous sommes des artistes. Nous nous déplaçons sur le lieu, on discute avec les gens. Nous créons vraiment notre truc. Il faut faire confiance au vitrailliste. On parle beaucoup avec nos clients, on analyse leur déco intérieure. On interprète tellement de choses. C’est un vrai travail de développement.

 
 

Quel est votre style ?

Nous avons une belle base art déco et aimons tout ce qui est symétrique. Notre point fort c’est que nous sommes très bons dans le travail du verre. Nous allons le sabler, le contre sabler, mettre de l’or dessus, le peindre, le graver, le recuire …. Et nous aimons beaucoup tout ce qui est d’inspiration végétale.

 

Est-ce qu’il y a d’autres techniques que vous aimez bien ?

La grisaille. C’est une peinture mate qui se cuit à haute température.

On aime aussi la technique de l’émail qui va vitrifier la peinture.

Et aussi boucharder le verre ! C’est-à-dire créer des éclats dans le verre.

On adore tester des nouvelles techniques, il y a deux ans nous avons voulu faire du verre givré maison et on s’était bien planté ! Ça n’a jamais pris ! On n’a pas encore eu le temps de réexpérimenter mais on aime tester, apprendre, retenter et y arriver !

 
 

Est-ce que vos clients sont plutôt sages avec toutes vos techniques ?

Les clients ont une naïveté qui est vraiment géniale et qui nous aide en fait à nous surpasser encore et encore. Ils ne sont pas confrontés à tous nos problèmes techniques et ils ne les connaissent même pas, ce qui est normal ! Pour eux c’est facile. Du coup ça nous pousse à relever des défis et on adore ça.

Un jour, un client voulait des cabochons. Ce sont des verres qui sont un peu taillés comme des diamants. Dans ce projet, il fallait avoir des dimensions spécifiques. Donc nous les avons créés nous-mêmes et nous avons pu leur faire dans une couleur de verre qui n’existe pas dans les cabochons classiques qu’on peut acheter chez nos fournisseurs. 

 

Vous expérimentez beaucoup, vous jouez !!

Oui on adore ça. C’est super important d’expérimenter. Nous nous consacrons d’ailleurs une journée par semaine à la découverte et à l’expérience. Il faut absolument sortir du milieu normal et classique du vitrail.

Avant on ne le faisait pas et depuis que c’est en place, on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup plus de fluidité dans notre créativité.

 

Qu’est-ce qui vous différencie ?

Notre technicité. Nous allons toujours très loin dans la recherche des verres et des couleurs, et le verre, on va le travailler.

Aussi, on essaie toujours d’aller plus loin dans les projets et pour finir on fait des petits cadeaux, on rajoute de l’or, etc.

Ce que nos clients recherchent ce sont les plus grands panneaux possibles sans séparation intermédiaire, alors qu’historiquement, un panneau de vitrail est de petite dimension, avec des barres métalliques de soutien. En effet un vitrail est composé de plomb, et le plomb est un métal mou, il faut des renforts pour que le vitrail ne bombe pas. Avec quelques techniques maison, on arrive à garantir un vitrail qui passera minimum les 75 années suivantes sans dégât, en gardant visuellement un grand panneau sans séparation

 
 

Aussi, nous invitons toujours nos clients à venir couper quelques morceaux de verre qui composeront leur vitrail. Les très motivés, qui veulent revenir plusieurs fois on les invite même à souder ! Et à la fin du projet, on leur fournit un dossier avec les photos et vidéos du projet, les incluant.

Ça donne une touche supplémentaire qui restera tout le temps et qui est touchante. Les clients reviennent. Le bouche à oreille fonctionne. On adore nos clients qui nous donnent de supers avis

 

Comment trouvez-vous votre inspiration ?

Nos clients, notre environnement et nous. La façon dont nous interagissons avec les clients évidemment. Mais elle vient aussi beaucoup de nous, de notre vie, de notre atelier. En fait c’est le travail à deux.

Par exemple, des clients nous avaient demandé un vitrail pour une séparation chambre / bureau. Lors du brief, on a eu l’idée de faire une tête de lit en demi-lune en vitrail double vitrage. Notre idée était très loin de la demande du client. Alors on a réalisé le projet de nos clients selon leur demande, mais on a aussi griffonné ce projet imaginaire, qui alimente notre créativité. On nourrit notre créativité et ça amène à de nouvelles choses. C’est un cercle vertueux

 

Travaillez-vous toujours à deux sur vos projets ?

Alors … On fait des concours entre nous ! Il arrive que seulement l’un des deux soit inspiré par un projet client, et c’est tout à fait OK car il s’agit d’une histoire de connexion, et nous avons différentes sensibilités. Mais le plus souvent, nous avons tous deux envie de le réaliser et on se fait un concours pour voir qui sera le meilleur. Dans ce cas, nous présentons au client un ou deux projets. Et ensuite nous sommes complémentaires sur le reste de la réalisation.

Parfois aussi nos dessins sont mixtes car pendant le « concours » on finit par fusionner les idées.

 
 

Je me demande quel est votre parcours ?

Thomas : J’ai fait 5 ans d’études supérieures en dessin. Le feeling dans le vitrail est arrivé là et je me suis spécialisé.

Emma : Je suis arrivée dans le vitrail en rencontrant Thomas. Moi je faisais des cravates et des boutons de manchette. Je travaillais pour des particuliers, j’avais ma propre entreprise. Thomas était mon voisin de palier. A force de se croiser, il m’a commandé une cravate. Et voilà !

J’adorais l’univers de Thomas. Moi-même je fais de l’aquarelle depuis que j’ai 6 ans. J’ai tout quitté pour rejoindre l’atelier.

 

Vous déplacez-vous dans toute la France ?

C’est un peu une règle pour nous. Pour la réussite de la création on veut vraiment aller voir les gens. C’est comme ça qu’on comprend, car avec la distance ce n’est pas toujours évident. Lorsqu’un client nous appelle parce qu’il veut spécifiquement un vitrail de notre atelier, on se déplace mais si un client lointain veut simplement « un » vitrailliste, on le réfère à d’autres.

Nous ne faisons pas de dessin payant, c’est le risque. Mais pas un si grand risque car pour nous, le refus n’est pas un refus. C’est une addition à nos expériences et à notre book.  

En revanche, pour certains Parisiens, il y a parfois un tic sur nos prix. Pour eux nous ne sommes pas assez chers, et ça soulève des interrogations sur notre qualité. Mais en vrai, nous sommes simplement moins chers parce qu’on vient de la campagne.

 

Quel est le projet le plus fou qu’un client vous ait demandé de réaliser ?

 Alain Bocquet, le maire de Saint-Amand-les-Eaux !  Il nous a envoyé un MMS à 18h30 un dimanche. Une verrière énorme. « Bonjour, j’ai envie de mettre un vitrail ici, est-ce que ça vous intéresse ? » Ça représentait 17 m2 de vitraux. Avec 3 mois pour le faire.

On a aussi eu le projet d’une piscine faite dans un ancien garage. Tout un pan de mur de cette piscine intérieure est fait en vitrail. C’est un très grand panneau, qu’on a dû mettre en double vitrage spécial pour le chlore et l’eau.

 

 
 

Combien de temps faut-il, en moyenne, pour réaliser une œuvre ?

Il faut à peu près 4 mois pour la réfléchir avec le client et commander certains matériaux sur mesure pour le projet. On le dit souvent c’est un peu comme un tatouage. Il faut de la réflexion car après le projet est là pour 100 ans ! En termes de réalisation pure, en 2 semaines ça peut être terminé.

Mais c’est vraiment toute la mise en situation, le choix des verres, les couleurs, les techniques qui prennent du temps. On valide tout avec le client. Et la réalisation est généralement super rapide. On est deux et on est extrêmement spécialisés dans le sujet.

 

Peut-on mêler les vitraux au moderne ?

Ah oui bien sûr ! Des gens pensent que c’est vieux et que ça doit rester dans les églises. C’est un clin d’œil à l’ancien pour nous. Pas plus. La peinture et le dessin c’est plus vieux que le vitrail ! On a un art qui n’a que 800 ans. (rires)

Le vitrail a beaucoup été retiré et remplacé par du double vitrage. C’est dommage. Beaucoup de gens le jettent et là nos cheveux se hérissent ! Souvent ce sont des vieux vitraux, signés, avec des verres dingues …

 
 

Avez-vous des clichés qui reviennent souvent autour du vitrail ?

Ça fait vieux. Ça assombrit. C’est lourd. Les gens pensent aussi que le vitrail n’isole pas, et on peut garantir que c’est faux !

Et d’autres pensent que les vitraillistes, ça n’existe plus.

Le plus gros préjugé c’est que ça va être cher, du coup beaucoup de gens n’osent pas nous contacter. En effet, ça reste un produit associé au luxe.

Merci à vous deux pour nous avoir ouvert vos portes ! Laissez-nous toutes vos questions en commentaires, nous répondons à tout le monde.

Et à très bientôt pour de nouvelles interviews.

Giulia

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