Aterlier Noboru, insectes brodés

De la broderie d’insecte haute couture joliment encadrée. Des perles brodées à la main sur de l’organza de soie. Perles, paillettes, cuvettes, tubes, strass, rhodoïds … Je vous fais rentrer dans le très bel univers d’Atelier Noboru 

Vous allez voir, Noboru est un artiste qui pense beaucoup aux autres.

 

Quel est ton parcours ?

J’ai été styliste, assistant puis Directeur Artistique dans la mode. J’ai fait ça pendant quinze ans. Dans mon métier je faisais beaucoup, beaucoup de voyages à l’étranger et beaucoup d’échanges de mails avec la Chine. Je n’en pouvais plus. J’étais à bout, j’en avais vraiment marre et j’ai eu cette envie forte de revenir à du local, de l’artisanal.

 

 
une libellule brodée en perles dorées Atelier Noboru
 

Comment en es-tu arrivé à la broderie ?

J’ai regardé ce qu’il y avait en cours du soir de la mairie de Paris. J’ai vu qu’il y avait de la broderie et dans les maisons de couture j’avais vu ce travail que j’aimais bien.

Je suis allé au premier cours, les mains dans les poches et en fait j’ai eu un véritable coup de cœur pour la discipline dès le premier cours.

C’était fait pour moi et je ne le savais pas.

J’ai suivi les cours du soir pendant deux ans, en parallèle de mon travail. J’ai eu mon examen et j’ai créé Atelier Noboru.

J’ai adoré ma prof qui était vraiment dans la transmission. Elle n’a rien gardé de secret, elle m’a même appris des tas de choses que je n’étais pas censé apprendre.

 
Atelier Noboru créateur de tableaux d'insectes brodés
 

Avec Atelier Noboru j’ai commencé à vendre mes premières créations.

Mais surtout j’ai été repéré et j’ai eu un article sur un gros blog aux Etats-Unis et là les commandes américaines sont arrivées. Ça m’a propulsé et j’ai pu définitivement quitter le milieu de la mode pour me consacrer à 100 % à Atelier Noboru.

Depuis deux ans et demi, je ne vis que de ça.

En réalité je n’ai pas la sensation d’avoir fait une reconversion. Je suis finalement dans la même lignée.

 

 
 

Suis-tu des traditions ? Un savoir-faire particulier ?

J’utilise trois techniques différentes de broderie. La broderie à l’aiguille, le crochet de Lunéville et la broderie d’or.

Avec le crochet, on travaille sur l’envers. On fait des boucles, des points de chainette et les perles sont enfilées sur le fil à l’avance. À chaque chainette que l’on fait, on va pousser une perle dans chaque boucle. On avance perle par perle.

La broderie d’or se fait à l’aiguille mais on va utiliser du métal, des fines lamelles de métal.

Je fais vraiment de la broderie d’art. En France c’est très peu connu et si on n’a pas accès à la Haute couture on ne connaît pas ces techniques.

 

 
un insecte rose brodé par atelier noboru
 

Tes tableaux sont principalement des insectes. Pourquoi avoir choisi les insectes ?

C’est un mélange de plusieurs choses. J’aime le côté cabinet de curiosités, mais je n’aime pas le côté cadavre qu’on accroche au mur. Je ne voulais pas ce côté macabre. À la base j’ai fait ça pour moi. Un jour je suis allé voir une expo de photos de National Geographic d’insectes pris en photo macro. Et là j’ai adoré. Des insectes recouverts de rosée et de lumière. Ça donnait une idée de perles. De là m’est venue l’idée de les transposer en broderie.

En habitant en ville, on oublie que les insectes existent alors qu’en fait il y en a partout et on en a besoin ! Je trouve ça assez cool. La plupart des gens ont peur des insectes et je suis content quand ils m’achètent des tableaux.

Je fais aussi des herbiers brodés et il y a deux ans, j’ai aussi fait des visages de femmes berbères. Maintenant je travaille sur les constellations. J’ai envie de faire différentes choses ! Les insectes resteront ma collection principale.

 

 
un insecte brodé avec des perles dorées
 

Comment choisis-tu les insectes ?

Je parcours les bouquins que j’ai, les planches d’insectes, Google… Quand un insecte me plaît je réfléchis à comment en transposer la forme. Ça ne se prête pas toujours à la broderie.

C’est tout un travail de pouvoir le transposer.

Parfois on me fait des demandes pour un insecte particulier. Ce n’est pas toujours évident, il faut vraiment faire plusieurs essais.

Régulièrement j’essaie de faire des nouveautés, des nouvelles formes.

L’araignée c’est la première que j’ai vendue et je la fais tout le temps, car elle plaît énormément.

 

 
 

Quels sont tes insectes préférés ?

Le Lucanus ! C’est un scarabée avec des ailes et des cornes. J’aime bien le bruit qu’il fait quand il vole, ce vrombissement. C’est vraiment celui que je préfère faire !

D’ailleurs, j’utilise dans mes tableaux des vrais élytres. Mais ils sont obtenus de manière éthique et équitable. Ce sont des élytres ramassés par des gens qui respectent les mues. Les insectes ne sont pas tués et le maximum d’argent retourne aux gens qui les ramassent. Je les paie plus cher car je pourrais aussi les acheter sur Amazon, mais ce n’est pas la même démarche.

 
 



Suis-tu une palette de couleur ?

À titre personnel, j’ai une préférence pour les tons noirs et verts. Mais ça rendait mes broderies peut être un peu trop réalistes, du coup j’ai commencé à faire des dorés, du rose, des couleurs douces, des pastels… ça permet aux gens de passer le cap sur les insectes.

 

Quelles sont les pierres avec lesquelles tu préfères travailler ?

Je travaille avec des pierres naturelles semi-précieuses. Je travaille beaucoup avec des strass (de chez Swarovski et Preciosa) et des cristaux. Pour les pierres ce sont des agates, des aventurines et des jades.

Mais la pierre que je préfère travailler c’est l’améthyste. C’est la pierre de l’esprit et aussi une pierre de protection. J’aime faire les araignées en améthyste car elles protègent la maison.

Parfois c’est la pierre qui m’inspire sur tout le reste de la pièce.

Par exemple, je viens de découvrir une artisane qui a des boutons en or de maisons de luxe et il faut absolument que je créé une pièce avec !

araignée brodée par atelier noboru

 

Ça représente combien d’heures par tableau ?

Plusieurs heures. Et encore je suis rapide. Parfois même je peux passer une journée entière voire plusieurs jours sur une même pièce quand elle est grande.

J’ai fait des très grandes pièces qui sont exposées dans un musée à Quimper, au musée de la Broderie. Ça plaît énormément. L’exposition devait durer trois mois et elle a été prolongée à plusieurs reprises. Ça va bientôt faire un an maintenant ! Pour cette occasion j’ai fait des pièces plus imposantes.

 

Sur quel support brodes-tu ?

Sur de l’organza de soie. J’aime bien, car c’est assez fin et c’est presque invisible. Déjà les gens ont du mal à comprendre que c’est brodé et c’est en s’approchant qu’ils aperçoivent une trame. L’organza de soie ça permet ça. C’est une matière qui s’oublie assez facilement.

 
un très beau scarabé brodé par atelier noboru
 


Quel est ton rapport avec le « made in France » ?

Je ne veux travailler qu’avec du français et de la top qualité. J’utilise les mêmes fournisseurs que la Haute Couture et je paie mes pompons une fortune. Il y a aussi de la feuille d’or. Tout est du Made in France et si je ne peux vraiment pas c’est du Made in Europe. Je fais tout moi-même à Paris. Les cadres sont de fabrication française ou européenne. Les passe partout sont faits par une entreprise française dans l’est de la France. Il y a aussi un esprit d’upcycling : j’essaie de racheter les stocks de fin de série des maisons de couture.

 

Qu’est-ce que tu aimerais atteindre ?

Franchement …. J’aimerais bien une expo de moi, juste de moi. Comme à Quimper mais à Paris. Juste ça je serais déjà super content !!

 
 

 

As-tu un secret ?

J’ai une œuvre à moi dans chaque chambre du septième étage d’un célèbre palace parisien. Une collection faite spécialement pour eux. J’étais super anxieux. J’avais carte blanche et j’étais en panique ! C’est vraiment une grande fierté.

 

 Merci beaucoup Noboru !

J’espère que cette interview vous a fait autant plaisir que moi. Pour voir les créations Atelier Noboru, ça se passe ici :

À bientôt !

Giulia

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