Katia Sanchez, pull colorés et responsables

Comment choisir un bon pull ? Comment bien entretenir sa laine ? Mais aussi comment entreprendre dans la mode ? Existe-t-il toujours des valeurs dans ce milieu ?

Katia Sanchez, co-fondactrice des Petits Hauts, revient maintenant avec sa nouvelle marque éponyme de pulls très colorés et je suis honorée d’avoir pu l’interviewer.

 
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Tu viens de lancer ta nouvelle marque « Katia Sanchez », peux-tu nous en parler ?

C’est une envie profonde de faire ce que j’aime tout en respectant certaines valeurs. Trouver des fils vraiment très beaux, des couleurs qui font du bien, nous rendre toutes belles, gaies et douces tout en gardant une conscience aiguë du respect de l’environnement et du vivant !

J’ai ce besoin et cette envie de beau dans ce que je fais.

Je ne veux pas faire du profit à tout prix mais créer une entreprise qui soit locale, respecter les animaux, les gens avec qui je travaille, respecter aussi mon rythme de vie, etc.

 

Quelle est la matière à privilégier pour un pull ?

Pour ma part, j’aime le Mohair. C’est une matière qui est très légère. Elle est chaude mais on respire très bien dedans. Poilu et doux, hyper cocoon, hyper féminin, le mohair donne un éclat vraiment particulier aux couleurs. Quasiment toutes les couleurs sont belles dans un beau mohair !

Pour l’été, je pencherais pour la laine mérinos, quand il est un peu sec, le mérinos a l’aspect d’un petit pull en coton. Mais c’est moins lourd que le coton, plus respirant et beaucoup plus écologique de mon point de vue. Je pense aussi au mohair pour l’été car sa légèreté et son coté « respirant » permet de le porter quasiment toute l’année.

 
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Comment doit-on faire pour bien entretenir un pull en mohair ?

Un beau pull en mohair même très qualitatif demande un peu de soin.

Mes pulls peuvent être lavés en machine à laver. Je l’ai fait et refait pour vraiment tester et ça fonctionne très bien. J’ai d’ailleurs tout écrit en détail sur mon site.

Par contre il ne faut pas mettre trop de lessive. Je conseille de sortir le pull dès que la machine s’est arrêtée. L’étendre à plat, puis mettre un petit coup de vapeur avec le fer à repasser. Sinon simplement en le portant, il va se défroisser au bout d’une heure.

Pour un pull mohair tricoté main, il vaut mieux l’amener au pressing. Contrairement à un pull tricoté machine qui a déjà perdu un peu ses poils dans le process de tricotage machine et le lavage qui s’en suit, le pull tricoté main en mohair est généralement très très poilu et gonflant, et au moment du premier lavage, il va perdre un peu ses poils et c’est parfois dommage.

Pour les pulls tricotés à la machine, il faut savoir qu’ils ont déjà été lavés de toute façon. 

Mais je ne peux pas parler de manière générale, car ça dépend toujours des processus de fabrication, de la composition, du tricotage....

Donc attention, car c’est très difficile de ressusciter un pull ! On dit de mettre de l’après shampoing mais honnêtement, une fois qu’il est feutré, il est feutré...

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Ton univers est très coloré, j’adore ! Quelles sont tes couleurs préférées ?

Le rose, depuis toujours et ça n’a pas changé ! En ce moment j’adore le violet aussi. Mais le rose est vraiment ma couleur fétiche.

En fonction des saisons, ce que je trouve chouette c’est d’associer les couleurs. J’adore chercher des mélanges, des associations de couleurs. On peut même associer des couleurs fortes ensemble. Pour moi la couleur c’est vital. Ça me fait un bien fou. Je ne porte pratiquement jamais de noir.

Porter des pulls colorés dans la vie, ça réconforte, ça protège et cela donne de l’énergie !

Est-ce que ta marque est fabriquée en France ?

Pour ce qui est du tricotage et de la confection : pour le mérinos, j’ai trouvé un atelier en France mais pour l’instant c’est surtout le mohair que je vends bien. Et pour le mohair, je n’ai pas réussi à obtenir le résultat que je voulais en France. Mais j’aimerais ! J’ai vraiment essayé. Je ne désespère pas !

Pour les fils, Je travaille avec un élevage français pour mon gilet Margot et le fil est fabriqué en Italie. Malheureusement, on ne peut plus filer en France. 

Je choisis les ateliers, les filateurs, teinturiers qui ont une démarche sincère et réelle par rapport au respect de l’environnement. J’essaie vraiment d’avoir une démarche globale.

Rien n’est parfait dans ce que je fais mais j’essaie de toujours me poser les bonnes questions, de comprendre exactement les impacts, d’opter pour les meilleures solutions, celles qui respectent le plus l’environnement, les animaux et les hommes.

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Parle-nous un peu Des Petits Hauts. Tu as très bien réussi ! Comment ça a commencé ?

J’ai eu l’idée de faire des petits hauts tout simplement, et j’ai commencé par des tee-shirts. Ma sœur avait une boutique de vêtements à Orléans. Elle connaissait des agents commerciaux et l’un d’eux a proposé ma collection à des boutiques. J’ai commencé par être vendue dans des boutiques multi marques.

Ça a tout de suite super bien fonctionné, l’agent a vendu huit milles pièces de la première collection constituée de 24 tee-shirts dans 4 coloris !

À l’époque il y n’avait pas grand-chose en mode dans les petits hauts donc tout était possible. On trouvait les hauts en résilles chez Kookaï ou les tee-shirts « Morgan de Toi », Petit Bateau aussi mais c’était très limité. Moi je faisais des hauts dans des matières naturelles, hyper bien taillés, fantaisie, avec de jolis détails et je crois que ça manquait à l’époque. Au début, ma marque était fabriquée en France. Je faisais produire près de Lyon, chez Monsieur Haaze.

Des Petits Hauts s’est ensuite développée pour devenir une marque globale.

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Je suis sûre que des créateurs qui se lancent dans la mode aimeraient avoir quelques conseils de ta part.

Est-ce qu’il y a une action qui t’a vraiment fait décoller ? Un élément déclencheur ?

L’idée Des Petits Hauts était une bonne idée je crois. Mais il faut savoir quand même que ça a été laborieux, ça a pris des années. C’est vrai qu’au tout début la marque s’est tout de suite bien vendue car on avait un produit où il y avait un besoin. C’est beaucoup plus dur à trouver maintenant car tout existe et en grande quantité.

J’ai aussi eu la chance de créer des produits « phare » qui ont beaucoup plu et qui ont fait décoller la marque. Le gilet un bouton, le tee-shirt coudière étoile, le tunisien aux boutons multicolores, le pull avec des boutons dans le dos… Des produits très forts qui ont connu un véritable succès pendant plusieurs années !

Mais je dirais que ce qui a vraiment fait décoller Des Petits Hauts, c’est la somme des compétences et l’implication extrêmement forte de toutes les filles qui travaillaient dans la société. On ne laissait rien au hasard, nous allions au bout de tout dans tous les domaines avec l’envie de faire plaisir et de voir la vie en plus joli et je crois que c’est cela qui a payé !

Quand je me suis lancée, il n’y avait pas internet. La croissance était organique. Maintenant, je me lance avec une nouvelle marque et j’apprends « le digital ». C’est complètement nouveau pour moi et je découvre tous les jours !

Même si j’ai créé Des Petits Hauts avant, je repars tout de même à zéro et rien n’est simple d’autant plus que j’aime bien tout faire pour tout comprendre dès le départ donc je me mets au digital, la créa de mon site, l’algorithme Facebook, les posts instagram…

 
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As-tu été aidée par des investisseurs ou t’es-tu auto financée ?

Chez Des Petits Hauts on a eu une croissance très lente. L’aventure a débuté en 1999, mais nous avons mis énormément de temps à devenir ce que nous sommes maintenant. Au début, nous avons été aidées par un banquier qui a financé nos productions. Il n’y avait pas d’investisseurs.

Mais c’était une autre époque. Pour démarrer aujourd’hui, il y a d’autres solutions dont le crowdfunding. Je trouve que c’est une vraie chance pour les marques qui se lancent. Il y a aussi la solution de vendre en précommande. En plus d’éviter la surproduction et donc de ne pas utiliser inutilement les ressources de la planète, la précommande a un vrai intérêt financier pour une jeune marque puisque les clients paient au moment de la commande et cela permet d’obtenir une avance de trésorerie pour financer la production. Pour ma part, je propose le paiement en 3 X sans frais pour mes précommande donc ce n’est pas vraiment pour l’intérêt financier que je fais la précommande mais pour les jeunes marques, ça peut être une bonne solution , qui plus est , vertueuse, pour débuter.  

Je n’ai pas de locaux, pas de salarié et le temps. Je pense qu’il faut 3 ans à une marque pour se lancer. C’était d’ailleurs le cas il y a 20 ans.

Se lancer aujourd’hui c’est un peu fou mais tellement intéressant… C’est une période où tout est à réinventer.

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Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs ?

Pour les gens qui sont au tout début de leur entreprise, mon conseil c’est de ne pas abandonner. Tant qu’on n’a pas baissé les bras, on n’a pas perdu ! C’est en trouvant les solutions les unes après les autres que le projet prend forme. 

Écouter les autres, bien sûr, mais savoir ce qu’on veut et ne pas en déroger !  

 

La mode est un milieu où il y a beaucoup de concurrence et où bon nombre de créateurs ont du mal à se faire une place. Que pourriez-vous leur donner comme conseils, plus particulièrement dans le milieu de la mode vêtements ?

Le conseil qu’on m’a donné et qui a tout changé c’est : « fais ce que tu aimes ».

Dans son entourage, tout le monde a un avis,  donne des conseils… mais « fais ce que tu aimes. Pourquoi, tu ne t’écoutes pas toi ? » Ça m’a complètement libérée et là j’ai commencé à faire des collections qui ont très bien fonctionné.

 

Quel serait ton projet le plus fou ? 

M’associer avec des gens créatifs, créer un lieu magique avec tout ce qu’on aime. Des choses éthiques, belles, produites en petites quantités. Des vraies belles choses qui durent et nous font du bien.

 

Un secret à partager avec nous ?

Je remets toujours tout en question ! Je me fatigue toute seule !!!


Merci beaucoup Katia !

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À très bientôt pour une nouvelle interview,

Giulia

 

 
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